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Plusieurs facteurs peuvent expliquer le manque de maintenance des points d’eau de la part des villageois. De nombreuses études montrent en effet que 30 à 40% des infrastructures en zones rurales ne sont pas fonctionnels (RWSN, Banque Mondiale). En dehors de raisons parfois liées à la conception de l’ouvrage, le plus souvent il peut s’agir d’un manque de compétences disponibles sur place mais aussi du défaut d’initiatives prises par les usagers. Le modèle où la gestion ne repose que sur des comités a montré ses limites.

Au travers de cette présentation, Inter Aide fait part de ses retours d’expérience concernant différents modèles mis en œuvre, que ce soit en Ethiopie ou à Madagascar pour les réseaux d’adduction gravitaire, ou au Malawi, en Sierra Léone et au Mozambique pour la gestion des pompes manuelles équipant les puits ou forages. Si la différence entre contextes impose des adaptations, des grands principes communs régissent la constitution des services de maintenance déployés :

  1. la formation de professionnels proposant des services et des interventions de qualité, validés par les autorités et institutions locales,
  2. la constitution d’une chaîne d’approvisionnement permettant l’accès à des pièces détachées y compris dans les zones enclavées,
  3. le renforcement d’acteurs locaux, externes aux comités, qui par leur diagnostic des ouvrages et de la façon dont ils sont gérés, déclenchent une prise de conscience auprès des usagers quant aux interventions à mener et incitent à une dynamique préventive,
  4. diagnostics incluant une évaluation financière et permettant ainsi de définir les dépenses à engager et d’établir une cotisation,
  5. ces mêmes acteurs – ou agents de suivi – rappellent les comités et usagers à leurs prérogatives, les conseillent, et contribuent ainsi à plus de transparence.

En parallèle de faire émerger des compétences locales, il s’agit également de créer les conditions favorables au déploiement de telles solutions : créer un marché et stimuler une demande !

  1. le parc d’ouvrages doit être suffisant pour permettre que des techniciens réparateurs ou agents de suivi gagnent au mieux un salaire ou tout au moins des compléments de revenus suffisants, pour s’investir sur le long terme,
  2. la demande en intervention (quantité, fréquence) doit atteindre un niveau incitant les fournisseurs – notamment de pompes manuelles – en premier lieu à vendre les pièces détachées au détail, puis à être prêt à se rapprocher de plus petites boutiques ou de grossistes intermédiaires pour atteindre les zones éloignées.

En cela, le principe de diagnostic et de maintenance préventive constitue un déclencheur alimentant un cercle vertueux.
Il faut aussi sensibiliser l’ensemble du panorama d’acteurs concernés pour valider les modèles et les promouvoir :

  1. en premier lieu les usagers,
  2. les institutions locales – qui peuvent non seulement promouvoir en retour et élargir le rayon d’influence, mais aussi donner une crédibilité légale, voire imposer des normes autour de la maintenance.
  3. les autres organisations, pour qu’elles n’entrent pas en concurrence avec ces initiatives locales mais qu’au contraire elles favorisent l’investissement par les usagers et promeuvent également ces prestataires.

Enfin, cette présentation évoque de façon transversale les mécanismes de suivi déployés pour juger des performances de ces services, pour mesurer leur adéquation face aux attentes des usagers et aux enjeux liés au parc d’ouvrage. L’objectif étant d’une part de mesurer leur impact et de valider qu’ils répondent effectivement aux besoins. Mais il s’agit aussi d’assurer un contrôle au long cours pour des gages de pérennité. En cela, un des enjeux est aussi de renforcer les compétences d’entités locales qui pourront assurer ce suivi.

Document rédigé par Mathieu Métois, chargé de capitalisation EHA d’Inter Aide – Septembre 2020.

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