PRATIQUES - urbain - 1.6.1. Annexe 1


Module de formation sur la petite enfance (Antananarivo)
I. LES DECOUVERTES SUR LA VIE PRENATALE

préparé par Alexandra Lesaffre
Relu, complété & mis en ligne par Anne Carpentier 2.12.2002

VOIR Document de formation de 2011 : Les étapes du développement de l'enfant: de la conception à ... Anne Carpentier Gestalt-thérapeute, 2011

1. Avant la naissance
2. La naissance
3. Les conséquences psychologiques pour l'enfant des tentatives d'avortement
4. Le langage avant la parole
5. L'alimentation

Fiche 1.6.1. Petite Enfance & Bibliographie

Modules de formation : sommaire
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Annexe : fiche d'observation et de suivi de la relation mère / enfant lors des ateliers d'éveil
Module de formation "Child Psychology" en anglais
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1.La vie prénatale

Mieux comprendre ce qui se passe avant la naissance permet d'ajuster notre comportement par rapport au fœtus et enrichit notre manière d'être en relation avec la mère et avec l'enfant.

Quand commence le développement de l'enfant ? Est-ce que le fœtus est sensible à ce que vit la maman ?

Film : Les découvertes de la vie prénatale. Bébé est une personne. (S1 : 0-7min 48sec)

  • Le développement de l'enfant commence au moment de la conception de l'embryon
  • Le fœtus nous écoute.
  • Le fœtus est un individu.
  • Le nouveau-né reconnaît l'odeur de sa maman et montre une préférence pour son odeur.
  • Le nouveau-né reconnaît la voix de sa maman et des personnes qu'il a régulièrement entendues dans le ventre de sa mère. Il montre une préférence pour la voix de sa maman.
  • Le nouveau-né se souvient de ce qu'il a vécu dans le ventre de sa mère.
  • Le fœtus est sensible à ce que vit sa maman.

L'histoire de l'enfant commence bien avant sa naissance…

Le langage avant la parole

On sait maintenant que le système auditif du foetus est fonctionnel dès la vingt‑cinquième semaine de gestation (un peu plus de 6 mois de gestation).

"Cela a été montré en étudiant les souvenirs des expériences prénatales. A. De Casper et M. Spence (1986), en utilisant une variante, plus sensible, de la procédure de la succion non nutritive, ont montré que les nouveau‑nés rythment leur succion pour recevoir le passage de prose récité par la mère, à haute voix, durant les six dernières semaines de grossesse : ils le préfèrent à un autre passage en prose non entendu auparavant. Ce n'est pas seulement la voix de la mère qui est en jeu car les nouveau‑nés continuent à préférer le passage de prose récité par leur mère avant leur naissance, même si, pendant le test, ce n'est plus la mère qui le lit, mais une autre femme. Le foetus serait donc réceptif à des propriétés acoustiques générales du signal de parole et pas seulement à la voix et aux intonations s pécifiques de la mère. En fait, on retrouve déjà cette reconnaissance chez les foetus en étudiant leurs réponses cardiaques. Tout échantillon de langage avec une intonation et un rythme normaux alerte le foetus et le pousse à régler son écoute sur cet échantillon dont l'empreinte persiste au moins quelque temps après la naissance.
Aussi n'est‑il pas étonnant que les nourrissons de quelques heures préfèrent écouter la voix de leur mère plutôt que celle d'une autre mère parlant à son bébé (Mehler et al., 1978). Mais il faut que l'intonation de la mère soit naturelle. Si l'on joue la bande à l'envers, la préférence de l'enfant ne s'observe plus. La reconnaissance de la voix maternelle est liée aux aspects dynamiques de la parole maternelle ‑ telle l'intonation qui n'est pas préservée lorsque l'on joue la bande à l'envers ‑ et non pas à Jes aspects statiques qui sont, eux préservés. L'attention de l'enfant se porte sur les caractéristiques de la voix dans un processus normal de communication".
Lire la suite ci-dessous ...

Sources: Rôle de la prosodie dans l'émergence du langage, Par BENEDICTE de BOYSSON-BARDIES, dans L'intelligence avant la parole, Nouvelles Approches originales du bébé, Michel Soulé, Boris Cyrulnik ESF - Coll. La vie de l'enfant


Film : Le miracle de la vie. (50 min)
(Cf. Descriptif)


A deux mois, le fœtus bouge.
A trois mois sont acquis l'olfaction, le goût et le toucher et le sens interne des positions. (Certains spécialistes affirment que ces sens seraient présents bien avant).
A quatre mois, le fœtus entend et voit.


Film : Le cas d'Alexandre. Le bébé est une personne. (S2 : 13 min-20 min)

Alexandre est emmené par ses parents chez un médecin pour des problèmes de comportements (idées noires, sommeil agité, peur de la mort, il cache des couteaux de cuisine, il dit : "il est mort le bébé"...). Ces parents sont inquiets et ne comprennent pas le comportement d'Alexandre.
Le médecin essaye de comprendre les raisons du comportement d'Alexandre. Il va remonter dans le temps jusque la grossesse et découvrir le nœud du problème.
La grossesse s'est assez mal déroulée. La maman a perdu beaucoup de sang. Et elle a eu très peur de perdre son bébé. Mais ce qu'elle ne savait pas c'est qu'elle attendait des jumeaux. Et ce qui a provoqué les saignements, c'est la mort d'un des fœtus. Sa maman a eu très peur de le perdre. Ce film nous montre qu'Alexandre, lorsqu'il était dans le ventre de sa maman, a ressentit les peurs de sa maman. Ses peurs ne lui ont jamais été expliquées. Il a donc développé des comportements inquiétants.
Ce documentaire nous montre que le fœtus est sensible à ce que vit la maman et qu'il le mémorise.
Ensuite, le médecin révèle à Alexandre son histoire et ses comportements disparaîtront.


Toutes ces découvertes impliquent que la maman soit consciente de la réceptivité du fœtus qu'elle porte en elle. Des liens étroits et précoces peuvent s'établir entre la mère et le fœtus, entre le père et le fœtus. C'est à dire que les parents peuvent parler à leur enfant, ils peuvent également le toucher. Le fœtus sent.
Le fœtus est sensible à son environnement. Si la maman vit une grossesse dans l'insécurité, le refus, si la maman a vécu une grande frayeur ou un stress particulièrement intense, ceci risque de stresser le fœtus ou de rendre plus difficile les capacités d'épanouissement de l'enfant. Une grossesse dans le calme, l'écoute intérieure, la joie et la sécurité interne sont des conditions pour que le fœtus se développe dans un confort et un bien-être.
Le fœtus demande à être reconnu, rencontré et aimé. La maman et le papa peuvent déjà confirmer le fœtus dans toute leur affectivité qui fondera chez le fœtus sa sécurité interne.

Dans les quartiers d'Antananarivo où Inter Aide travaille, on peut aider les parents à prendre conscience de la réceptivité du fœtus à la vie émotionnelle maternelle (éviter un travail trop physique de la maman, commencer précocement une relation de qualité et de respect, avoir une bonne alimentation, éviter le stress, le toucher, lui parler…).

 

2.La naissance

Quelles sont les différences pour l'enfant lorsqu'il est dans le ventre de sa maman et quand il est né ?

DANS LE VENTRE

Alimentation en continue par le cordon.
Le fœtus ne ressent pas la faim.
Environnement protégé.
Fusion - Pas séparé physiquement.
Eau - Apesanteur.Univers sécurisant.
Mouvements limités
Relation plus étroite
Enveloppe

A L'EXTERIEUR DU VENTRE

le bébé ressent le besoin de manger.
La maman et le bébé sont séparés physiquement.
Environnement moins protecteur.
Air - Pesanteur
Univers nouveau à connaître et à comprendre.
Nouvelles sensations : Faim, bruit, lumière, températures, …
Mouvements non limités


Tout est nouveau pour le nouveau-né … Cela lui demande beaucoup d'adaptations…Il doit s'adapter à plein de nouvelles choses : le bruit qui est plus fort, respirer, la température, l'absence de ventre qui le contenait auparavant, la faim…

Est-ce que vous pensez que naître soit une chose agréable ? Les enfants, sont-ils heureux de venir au monde ? La naissance, est-elle souffrance pour l'enfant ?

Film : La naissance de Frédérick Leboyer.(15 minutes).

"La naissance est souffrance, tempête et ouragan.
Il y a deux temps dans la grossesse : au début c'est l'âge d'or, le fœtus grandit du tronc vers la périphérie. Il est en apesenteur. Puis, l'enfant grandit. Il devient prisonnier. Il se replie en position fœtale par manque de place. Au départ, les contractions du 8ème mois ne sont que caresse. Puis, elles prennent force et elles deviennent violentes et le broyent. Lors du passage, sa tête s'écrase. L'enfant passe de sa prison qui lui donnait forme et contenant à la liberté. Soudain, plus rien. Plus rien ne tient son dos. Ce qu'il faut c'est rassembler son corps, le protéger du vide. Il faut parler à ce corps qui a soif et faim. Il faut lui parler avec des mains légères et attentives, et aimantes. Lentement, très lentement, amoureusement, rassembler son corps au rythme de son souffle".

Ce que la mère doit donner à son enfant après la naissance c'est une enveloppe. C'est un environnement protecteur dans lequel la mère le soutient, le regarde, le touche et lui parle. Cette enveloppe est une continuité après la naissance de ce que le fœtus vivait dans le ventre de sa mère.
Si l'enfant ne reçoit pas cette enveloppe, il est alors exposé au monde sans protection. Avec un bon soutient, l'enfant sera capable de se contrôler et d'explorer le monde.

 

3.LES CONSEQUENCES PSYCHOLOGIQUES POUR L'ENFANT DES TENTATIVES D'AVORTEMENT

GG : Quelles peuvent être les difficultés pour l'enfant si les parents ont essayé d'avorter ? Que peut -on faire pour l'aider ?

Si les parents souhaitent ou tentent d'avorter l'enfant, celui-ci le sait. L'enfant l'intègre sur un mode non-verbal. Plus tard, ces enfants risquent de développer divers types de troubles liés à ce sentiment de rejet et à cette peur qu'ils ont vécue au cours de leur vie intra-utérine. L'importance de la verbalisation à l'enfant de son histoire et des intentions des parents pendant la grossesse est particulièrement importante afin de donner à l'enfant les moyens de comprendre son ressenti et de prévenir l'apparition de troubles des difficultés affectives et relationnelles, de l'agressivité, de l'échec scolaire, de la dépression...

Les différentes conséquences d'un avortement raté :

  • Infirmité motrice cérébrale
  • Sentiment d'être rejeté, non désiré, non voulu. Carences affectives si le lien entre la maman et lui ne se reconstruit pas.
  • Recherche d'une figure parentale pour compenser la perte
  • Recherche d'affection
  • Hyperactivité
  • Pas de sens du danger
  • Obstiné, têtu
  • Dépression, tristesse, timidité…
  • Sentiments de colère inexpliqués vis à vis des parents
  • Difficultés scolaires
  • Difficultés à établir des liens avec les autres personnes
  • Conduites destructives

Interventions

  • Au moment venu, dire à l'enfant ce qui c'est passé.
  • Valoriser l'enfant, lui donner de l'affection, confirmer affectivement son existence.
  • Faire parler les parents, sur la tentative d'avortement, la place qu'à l'enfant, les aider à ce qu'ils acceptent leur enfant (valoriser leur enfant, valoriser les parents), les aider à ce qu'ils comprennent ce que l'enfant peut ressentir. Essayer de recréer un lien affectif parent enfant. Si c'est impossible, trouver un substitut parental.

 

Le langage avant la parole

Sources: Rôle de la prosodie dans l'émergence du langage, Par BENEDICTE de BOYSSON-BARDIES, dans L'intelligence avant la parole, Nouvelles Approches originales du bébé, Michel Soulé, Boris Cyrulnik ESF - Coll. La vie de l'enfant

"On sait maintenant que le système auditif du foetus est fonctionnel dès la vingt‑cinquième semaine de gestation (un peu plus de 6 mois de gestation).

" Cela a été montré en étudiant les souvenirs des expériences prénatales. A. De Casper et M. Spence (1986), en utilisant une variante, plus sensible, de la procédure de la succion non nutritive, ont montré que les nouveau‑nés rythment leur succion pour recevoir le passage de prose récité par la mère, à haute voix, durant les six dernières semaines de grossesse : ils le préfèrent à un autre passage en prose non entendu auparavant. Ce n'est pas seulement la voix de la mère qui est en jeu car les nouveau‑nés continuent à préférer le passage de prose récité par leur mère avant leur naissance, même si, pendant le test, ce n'est plus la mère qui le lit, mais une autre femme. Le foetus serait donc réceptif à des propriétés acoustiques générales du signal de parole et pas seulement à la voix et aux intonations s pécifiques de la mère. En fait, on retrouve déjà cette reconnaissance chez les foetus en étudiant leurs réponses cardiaques. Tout échantillon de langage avec une intonation et un rythme normaux alerte le foetus et le pousse à régler son écoute sur cet échantillon dont l'empreinte persiste au moins quelque temps après la naissance.
Aussi n'est‑il pas étonnant que les nourrissons de quelques heures préfèrent écouter la voix de leur mère plutôt que celle d'une autre mère parlant à son bébé (Mehler et al., 1978). Mais il faut que l'intonation de la mère soit naturelle. Si l'on joue la bande à l'envers, la préférence de l'enfant ne s'observe plus. La reconnaissance de la voix maternelle est liée aux aspects dynamiques de la parole maternelle ‑ telle l'intonation qui n'est pas préservée lorsque l'on joue la bande à l'envers ‑ et non pas à Jes aspects statiques qui sont, eux préservés. L'attention de l'enfant se porte sur les caractéristiques de la voix dans un processus normal de communication.

Les nourrissons reconnaissent leur langue maternelle dès la naissance : les nourrissons de quatre jours montrent avec les mesures de succion non nutritive une reprise plus importante de la succion lorsque des séquences de leur langue maternelle succèdent à des séquences d'une autre langue plutôt que dans l'ordre inverse.

Même si ils reconnaissent leur langue maternelle dès la naissance (et même in utéro, dès avant la naissance), les bébés sont "équipé" pour apprendre n'importe quelle langue : leur oreille est capable de discriminer tous les sons des langues humaines. Puis, peu à peu, si ils vivent dans un univers unilingue, leur oreille se "ferme" pour ainsi dire, et à neuf mois, les bébés perdent la capacité de réagir à la prosodie (le rythme, la "musique") des langues étrangères. Parallèlement se produit un affinement des compétences pour reconnaître les pauses pertinentes dans la langue maternelle.

Les bébés babillent dans leur langue maternelle, et les adultes reconnaissent le babillage de leur propre langue : des adultes français distinguent les vocalisations d'enfants français de 8 mois des échantillons de vocalisations de bébés étrangers de même âge.

Lorsqu'ils sont élévés dans un milieu bilingue (deux langues) ou dans un milieu polyglotte (plusieurs langues), les bébés adaptent leur babillage à leur interlocuteur: par exemple un bébé français élevé par une nounou chinoise, va babiller avec la prosodie de la langue française avec sa mère, et avec la prosodie de la langue chinoise avec sa nounou).

L'intérêt de l'enfant pour la prosodie de la langue parlée autour de lui est renforcé par le comportement des adultes.Chez les nourrissons, la voix, plus que tous les autres stimuli, provoque des sourires, attire le regard, permet de maintenir un face‑à‑face avec l'enfant et, enfin, motive des échanges de communication verbale.

Le "motherese":

Lorsque les adultes parlent aux bébés ils changent leur intonation : cela se manifeste particulièrement par des modifications de la voix et de la prosodie. On appelle cette manière de parler le "motherese". Les adultes utilisent un registre de voix plus haut que d'habitude, une gamme de contours d'intonation restreinte mais dont les modulations de hauteur sont très exagérées, des formes mélodiques longues, douces, avec des glissando abrupts et des excursions amples. Les mères, mais aussi les pères et les adultes proches, accompagnent le plus souvent ces modifications vocales d'expressions faciales exagérées (contacts des yeux, haussement des sourcils, grands sourires), ainsi que de mouvements rythmiques du corps ou d'ajustements de postures (prise dans les bras, rapprochement du visage) qui focalisent l'attention du bébé, accentuent son intérêt et fondent sa préférence pour cette forme de communication.

Dès sept semaines, les bébés préfèrent écouter une femme parlant à un bébé plutôt que des propos extraits de conversations entre adultes dans lesquels les caractéristiques du «motherese » sont absentes (Pegg et ai., 1992).. La préférence pour ce mode d'expression se retrouve jusque chez les enfants d’âge préscolaire. Elle est indépendante de la langue utilisée par l'adulte: les bébés préfèrent écouter de la parole destinée à des bébés, que ce soit dans leur langue ou non, qu'il s'agisse de leur mère ou d'une femme étrangère. Le « motherese » a bien pour eux un statut particulier.

"À quoi sert le « motherese » ?

Lorsqu'ils parlent à des nourrissons, les adultes se proposent d'abord d'établir un contact affectif et de solliciter des vocalisations. Leurs premiers « messages » vocaux sont destinés à capter l'attention de l'enfant : les yeux et la bouche attirent tout spécialement l'attention des bébés, des nouveau‑nés de trois l'ours peuvent « rester suspendus » aux mouvements de la bouche pendant plusieurs minutes. Le « motherese » sert également à motiver l'enfant pour favoriser les échanges. Ces précoces modèles vocaux de la mère orientent le bébé vers un mode de communication oral. Ainsi, vers la fin du deuxième mois, apparaît le comportement de « turn‑taking » durant lequel le nourrisson réagit aux sollicitations vocales de la mère en gazouillant quand celle‑ci s'arrête et en engageant ainsi avec elle une sorte de dialogue. Ce comportement stéréotypé est fugitif mais, sans doute, détermine‑t‑il certaines fonctions programmées pour la communication.
L'utilisation par les parents d'une hauteur de voix plus élevée, plus proche de celle du bébé, indique à celui‑ci qu'il en est le bénéficiaire. Les bébés sont si sensibles à cette «identification » par la hauteur de la voix que, dès cinq mois, ils répondent à leur père avec une voix plus basse que celle qu'ils utilisent pour vocaliser en présence de leur mère. La façon dont les adultes modifient les patterns mélodiques en fonction du contexte de l'échange avec le bébé est « si régulière et si consistante que l'on comprend pourquoi les contours mélodiques sont la première catégorie de messages vocaux que l'enfant peut traiter et imiter » (Papousek et al., 1987).
Enfin, le « motherese » facilite l'interprétation des émotions. La voix transporte les émotions des parents et, à travers elle, l'enfant apprendra à les interpréter et à y répondre. Dès quatre mois, le bébé répond avec (les signes affectifs plus positifs aux vocalisations gratifiantes qu'aux vocalisations neutres on à celles dont le ton est plus répréhensif. A cinq mois, l'enfant répond aux émotions des parents lorsqu'elles sont exprimées à la fois par le visage et la voix, à six mois la voix seule suffit, tandis qu ‘ à sept mois une légère expression du visage l'informe de l'attitude heureuse ou fâchée de l'adulte (Bühler, 1927).
L'utilisation d'un registre distinct pour parler aux enfants semble bien attesté ‑sinon vérifié ‑ dans de nombreuses langues incluant des cultures diverses.
Lorsque les enfants atteignent un an, les particularités du « motherese », tout en conservant les fonctions qu'elles avaient, se remodèlent pour faciliter aux enfants l'apprentissage de nouveaux mots et la compréhension du sens des phrases qu'ils entendent. Les parents continuent a exagérer la prosodie de leurs phrases tout en cherchant à élargir l'horizon linguistique de l'enfant, et on remarque aussi l'accentuation d'une consonne ou d'une voyelle importante par l'allongement ou le redoublement, le Jeu sur le déplacement de l'accent dans les homonymes, la forte présence des consonnes labiales ou palatales qui rendent « plus douce » la prononciation, l'effacement des clusters et des consonnes plus difficiles à réaliser, telles que les [r] et les [1]. Quand elles veulent apprendre des mots à leurs enfants, les mères présentent ces mots dans des phrases et non comme des mots isolés. Les enfants doivent donc extraire le mot à apprendre. Ils sont pour cela aidés par des stratégies maternelles. La première stratégie est prosodique : dans plus de deux tiers des cas, les mères mettent plus d'emphase sur les mots qu'elles désirent faire apprendre. La deuxième stratégie est syntaxique : les mères placent les mots nouveaux en fin de phrase dans 89 % des cas. Cette position facilite l'extraction des mots (Aslin, 1993).
Cette rapide présentation du rôle de la prosodie dans la première année de vie montre son importance, non seulement pour structurer l'univers affectif de l'enfant, mais aussi pour structurer son traitement de la parole.
La prosodie aide les enfants à organiser en groupes fonctionnels (syntagmes, propositions) la parole, elle aide à segmenter les phrases en unités élémentaires et à extraire les mots dans le langage courant. Les prérequis pour ce « travail » se trouvent dans les dispositions des bébés à réagir aux variations de durée et d'intonation qui structurent la prosodie. La prosodie a aussi une autre fonction, elle structure l'univers affectif des nourrissons ui sont sensibles à son invite à la communication, aux identifications qu'elle fournit et aux émotions qu'elle transmet. Le mode de parler, qu'« instinctivement » la mère et la plupart des adultes adoptent avec les bébés, tient compte de ces deux onctions. En exagérant la prosodie de ses propos, l'adulte facilite à l'enfant l'entrée dans le monde linguistique et dans le monde affectif".

Sources: Rôle de la prosodie dans l'émergence du langage, Par BENEDICTE de BOYSSON-BARDIES, dans L'intelligence avant la parole, Nouvelles Approches originales du bébé, Michel Soulé, Boris Cyrulnik ESF - Coll. La vie de l'enfant

Alimentation (de la femme enceinte ou allaitante - du bébé)

C'est au cours des deux premiers mois de grossesse que se constitue l'ensemble des organes.
C'est donc un moment où il faut être prudent.

Supprimer totalement l'alcool, supprimer le tabac, limiter le café:

La caféine est un excitant qui passe la barrière placentaire. On en trouve dans le café, mais aussi dans le coca, le thé ou le chocolat.

Pour l'alcool, c’est l’option «zéro »
qui doit être recommandée pendant la grossesse et l’allaitement, car l’alcool est néfaste pour le fœtus et ceci quelle que soit la dose ingérée. Très peu des gens savent que l’alcool au cours de la grossesse est la première cause de retard mental acquis de l’enfant et que cette grave complication est totalement évitable. Peu de gens savent que même les doses modérées d’alcool et les ingestions occasionnelles sont dangereuses pour le fœtus. L'alcool pendant la grossesse est responsable du syndrome d'alcoolisation foetale (SAF). Ce syndrome se caractérise par des malformations cranio-faciales, un retard de croissance et des handicaps comportementaux et cognitifs (retard intellectuel avec un QI à 80 en moyenne).

Pour dépister la consommation excessive d'alcool, le questionnaire DETA-CAGE est validé de façon internationale et consiste à poser quatre questions:
Avez vous déjà ressenti le besoin de diminuer votre consommation de boissons alcoolisées?
Votre entourage vous a-t-il déjà fait des remarques au sujet de votre consommation?
Avez vous déjà eu l’impression que vous buviez trop?
Avez vous déjà eu besoin d’alcool dès le matin pour vous sentir en forme?

Deux réponses positives (ou plus) à ces questions sont évocatrices d’une consommation nocive.

(voir la fiche Alchohol Abuse and Drug Addiction dans le module de formation "Child Psychology" de Coopé Sud, 2000, et en français : Addictions)

The Alcohol Use Disorders Identification Test: Guidelines for Use in Primary Care (Second Edition) téléchargeable en anglais et en espagnol sur le site de l'OMS http://whqlibdoc.who.int/hq/2001/WHO_MSD_MSB_01.6a.pdf (version anglaise) )

Il semble que l’on puisse encore plus simplement poser ces questions : « Est-ce que votre consommation d’alcool vous pose problème ? » « Ce serait quoi pour vous une consommation d’alcool qui poserait problème ? » « A quand remonte votre dernière consommation de boisson alcoolisée ? » Cette façon de procéder a semble-t-il une grande sensibilité et peut permettre un dépistage précoce de l’alcoolisation maternelle.
(Sources : http://www.gyneweb.fr/Sources/obstetrique/alcool-g.htm )

La nicotine, le monoxyde de carbone et d'autres substances nocives contenues dans une cigarette franchissent la barrière placentaire et intoxiquent le foetus. Fumer pendant la grossesse fait courir des risques au bébé: risque accru de fausses couches, naissances prématurées, retard de croissance intra-utérin dû à une mauvaise oxygénation du bébé, poids insuffisant à la naissance, des complications à l'accouchement plus fréquentes, une diminution des défenses immunitaires, une diminution des apports nutritifs.

Fumer après la naissance continue de faire courir des risques au bébé, car la nicotine (et les autres substances nocives contenues dans la cigarette) passe dans le lait de la maman qui allaite. De plus, fumer après la grossesse provoque une diminution de la production de lait, des risques d'asthme et d'infections respiratoires, des défenses immunitaires affaiblies, des troubles du sommeil et d'agressivité, une augmentation du syndrome de la mort subite du nourrisson.

Alimentation de la femme enceinte et allaitante:

Le développement rapide de l'embryon suppose des nutriments nécessaires pour sa croissance. Le fœtus double de taille chaque semaine. La formation des organes nécessite certains nutriment nécessaire à leur croissance:

  • Boire un litre et demi à deux litres de liquide par jour (eau bouillie, jus de fruits frais).
  • S'abstenir d'alcool et limiter la consommation de café et de théine (on trouve de la caféine dans le café, mais aussi dans le coca, le thé ou le chocolat).
  • Manger de la viande, du poisson, des œufs et du lait pour les protéines animales.
    Des céréales, du riz, des légumes secs (voanjoboary, haricots secs, lentilles) et du pain pour les protéines d'origine végétales.
    Les protéines construisent et renouvellent tous les tissus de l'organisme. (Le tissus est un ensemble de cellules identiques ayant une fonction particulière - ils forment par exemple : les os, les muscles, la peau…Le tissus est la matière du corps. Une cellule est la plus petite structure du corps capable de respirer, de se reproduire, de se déplacer, de digérer. Chaque cellule a une naissance et une mort. A l'œil nu, la plupart des cellules sont invisibles).
  • Manger du beurre, de la margarine, du poisson gras (sardines, thon, maqueraux, hareng, saumon...), du lait de la viande, du jaune d'œuf pour les graisses animales.
    Des pistaches, de l'huile pour les graisses végétales.
    Les graisses servent également à la construction et au renouvellement des organes (surtout le système nerveux). Elles fournissent l'énergie nécessaire à nos déplacements, au fonctionnement du cerveau et au travail intellectuel.
  • Le sucre, le miel, les pâtes, le riz, les fruits frais, les légumes et fruits secs apportent les glucides. Les glucides fournissent l'énergie nécessaire pour les mouvements et les déplacements.
  • Lait, yaourts, fromage, le chou, le cresson, les épinards, les œufs offrent le calcium (pour assimiler le calcium, la maman doit avoir un apport en vitamine D : rayon du soleil, le lait, le beurre, le jaune d'œuf). Le calcium est essentiel pour la formation des os et des dents.
  • Le chocolat, les fruits secs, les pistaches, les céréales complètes apportent le magnésium nécessaire pour se protéger contre les maladies infectieuses et pour les contractions musculaires.
  • Le fœtus a également besoin de fer. S'il n'en a pas suffisamment il va puiser le fer chez sa maman qui pourrait devenir anémique - au 3ème mois- (Anémie : Manque de fer. Les principaux symptômes sont : fatigue généralisée, essoufflements, pâleur des muqueuses, vertiges et bourdonnements d'oreilles). On retrouve le fer dans le cresson, les épinards, le persil, les lentilles, le jaune d'œuf, les fruits secs, le foie de omby ou d'agneau, le chocolat.
    Le fer est indispensable pour la respiration (La respiration est indispensable pour le fonctionnement des cellules. Le cerveau et les muscles ont besoin de beaucoup d'oxygène).
  • Les céréales, le riz, les œufs, le foie animal, les coquillages offrent le zinc.
  • Les coquillages, les poissons ainsi que le sel marin apportent l'iode.
  • Les vitamines sont également essentielles pour le bon fonctionnement de l'organisme .

Il faut varier l'alimentation et les menus. Varier les types de viande, de poisson. Et varier également les organes de la viande (manger le foie, le cœur, les rognons…).
Les légumes verts sont également essentiels (luttent contre la constipation, apport de nombreuses vitamines).
La femme enceinte a besoin de manger plus en qualité et en quantité (3 à 4 repas équilibrés par jour).
Le gain total de poids durant la grossesse doit se situer entre 9 et 12 kilos.

NB : Egalement, lors de l'allaitement, la maman doit manger de manière équilibrée puisque le nourrisson va recevoir les nutriments essentiels à sa croissance par le lait maternel et que la richesse du lait maternel dépend de l'alimentation de la maman.

L'alimentation de l'enfant :

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande l'allaitement exclusif pendant 6 mois, puis de continuer l'allaitement partiel aussi longtemps que possible

A la fin de l'allaitement, il est indispensable de varier l'alimentation de son enfant. Son organisme est en pleine croissance et il a donc un besoin essentiel d'aliments pour bien se développer. Tout comme l'adulte, il a besoin de protéines, de glucides, de graisses, de vitamines, et d'oligo-éléments. Il est nécessaire de donner à l'enfant des fruits et des légumes. Jusque l'âge de un an, l'enfant a un besoin important en fer. Il faut également veiller à l'apport en vitamine D (qui lutte contre le rachitisme, maladie qui entraîne des déformations du squelette).
L'enfant a besoin de viande (pas de viande de porc, d'abats avant un an ; on préfèrera l'omby, l'agneau et le blanc de poulet), de poisson, de produits laitiers, de légumes, de céréales, de fruits, d'œufs (pas de blanc d'œuf avant un an), du pain dur, pâtes, riz…

Bibliographie

Pour la préparation de ces 6 modules de formation, Alexandra Lesaffre s'est appuyée sur les ouvrages suivants:
- Au cœur des émotions de l'enfant. Isabelle Filliozat. +++ http://www.filliozat.net
- Vies de familles. Un autre regard sur l'exclusion. T. Potekov, Dr M. Titran +++
- Les étapes majeures de l'enfance de Françoise Dolto ++
- Développement psychomoteur de l'enfant de R.S Illingworth
- La gymnastique des neurones. Le cerveau et l'apprentissage. Dr Carla Hannaford.+
- Le bébé est une personne. B.Martino ++
- L'éveil de votre enfant. Chantal Truchis Leneveu +
- Connaissance de l'Enfant : éducation et pédagogie, Rose Vincent +
- Un merveilleux malheur. Boris Cyrulnik, Editions Odile Jacob Poche ++ (sur la résilience).
- Le vilain petit canard. Boris Cyrulnik Editions Odile Jacob (sur la résilience)
- Les nourritures affectives. Boris Cyrulnik, Editions Odile Jacob
- Pour une naissance sans violence, Frédéric Leboyer +

Autres lectures conseillées par Alexandra David, pscyhologue
- L'enfant tonique et sa mère
Suzanne Robert-Ouvray, Desclée de Brouwer 2007, coll.DDB Psy
Voir aussi plusieurs articles très intéressants, sur le rôle de la motricité dans la construction du psychisme, sur les conséquence de la violence sur l'enfant, sur l'échec scolaire... http://s.robertouvray.free.fr/

Loczy, ou Le maternage insolite Geneviève Appel et Myriam David (1973) Réédition 2008 Erès, coll. 1001 bébés
conseillées par Anne Carpentier, Gestalt-thérapeute
- La naissance d'une famille, T.B. Brazeton, Points Seuil 2003
- Maman pourquoi tu pleures? Les Désordres émotionnels de la grossesse et de la maternité Jacques Dayan, Ed. Odile Jacob 2002
- Rôle de la prosodie dans l'émergence du langage, de BENEDICTE de BOYSSON-BARDIES,
et
De quelques faits nouveaux à propros du bébé de Antoine GUEDENEY dans L'intelligence avant la parole, Nouvelles Approches originales du bébé, Michel Soulé, Boris Cyrulnik ESF - Coll. La vie de l'enfant

Vidéos
- Le bébé est une personne. B. Martino, TF1 +++
- Plus que du jeu- Indépendamment tout seul- Se mouvoir en toute liberté EMMI PIKLER - LOCZY. (Produit par Pikler-Loczy Association for Infancy, Emmi Pikler Institute, Budapest, Hongrie). Pour se procurer la vidéo se renseigner auprès de
l'ASSOCIATION PIKLER LOCZY DE FRANCE,
20 rue de Dantzig 75015 Paris
Tél. : 01 53 68 93 50 - Fax : 01 53 68 93 56
pikler-loczy@wanadoo.fr
Site internet : www.pikler.fr
- Autour de la naissance. Frédérick Leboyer.

Alexandra Lesaffre, ergothérapeute, fut responsable du programme Petite Enfance à Antananarivo, Madagascar jusqu'à mi-2006 (programme démarré par Coopé Sud et repris par Inter Aide depuis janvier 2002).

Modules de formation : sommaire
Fiche de formation suivante (2 a): le développement psychologique de l'enfant
Annexe : fiche d'observation et de suivi de la relation mère / enfant lors des ateliers d'éveil
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AVIS IMPORTANT

Les fiches et récits d'expériences "Pratiques" sont diffusés dans le cadre du réseau d'échanges d'idées et de méthodes entre les ONG signataires de la "charte Inter Aide".
Il est important de souligner que ces fiches ne sont pas normatives et ne prétendent en aucun cas "dire ce qu'il faudrait faire"; elles se contentent de présenter des expériences qui ont donné des résultats intéressants dans le contexte où elles ont été menées.
Ces fiches sont mises en ligne en accès libre pour le bénéfice commun. Pour autant, les méthodologies et outils présentés appartiennent aux ONG qui les ont conçus et les utilisent.
Ainsi, les auteurs espèrent que ces fiches puissent servir à d'autres opérateurs de terrain: c'est pourquoi elles peuvent être utilisées et réproduites à la condition expresse que les informations qu'elles contiennent, le nom des auteurs et des ONG opératrices soient données intégralement y compris cet avis, et avec
l'accord préalable de Pratiques.